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Laurence Guenoun

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Transidentité

Le standard de l’exclusion - Rio de Janeiro

(LUA GUERREIRO, JÖA CLANDESTINA, LARUBIA, OLIVIA  MAXIMILIANO DELA CRUZ, FABIOLA FONTINELLE, MA.MA. HORN,AVA SIMOES, GAEL JARDIM, GABRIEL VAN, THAYLA VARGGAS, GILMARA CUNHA, KUKUA DADA, ADRIANA JOLIE RIOS)

Une personne transsexuelle a une espérance de vie de 35 ans au Brésil. C’est aussi le pays où le plus de crimes transphobes sont commis. 331 assassinats entre le 1 octobre 2018 et le 30 septembre 2019. 97 % sur des femmes transsexuelles.

En 2020, les crimes homophobes et transphobes ont augmenté de 180 %. Discrimination, précarité, violences, viols, humiliations publiques, problèmes de santé, dépression, prostitution (90% des travestis et transsexuels se prostituent à un moment donné de leur vie * Statistiques de ANTRA - National Association of Travestites and Transsexuals) font partie de la panoplie des problèmes quotidiens auxquels ils sont confrontés. Aller à la rencontre de femmes et hommes transsexuelles, afin de connaitre leur parcours, leur vécu, est une façon d’ouvrir le regard sur leur façon d’aborder la société dans laquelle elles s’inscrivent.

Je me suis souvent interrogée sur mon positionnement dans la société et comment j’étais « reçue » / « perçue » par le regard des autres. 

Être « différente » ou entrer dans la norme. 

Mais mes questionnements en tant que femme hétérosexuelle issue d’une famille cultivée et ouverte d’esprit est une norme qui peut aussi paraître hors norme. J’ai de la chance? Je suis privilégiée ? Sans doute. 

Mais qu’est ce que la norme? La masse ? La majorité ? Qui défini et qui impose ? 

La question de la norme, de la société dans laquelle on s’inscrit, on vit, de laquelle on se sent accepté ou rejeté est sans doute la question centrale de cette recherche et de ces interviews.

Quels conceptions, perceptions, visions, ressentis, a-t-on de soi-même, qui soient si forts, si tenaces, qu’on veuille repousser les limites de ce que la société a défini comme « acceptable »?  Et qu’est-ce que cela implique tant pour soi que pour les autres ? 

Créer du vocabulaire pour enrichir les définitions de soi et élargir les concepts existants. Parce que pour exister, on doit nommer, inventer du vocabulaire pour définir de nouvelles normes et de nouveaux standards.

Le terme de Gender Hacker utilisé par Ma.Ma.Horn m’a fait sourire. La définition de non-genré m’interpelle. 

Mais ce vocabulaire est le reflet d’une réalité, d’un besoin de bousculer la société, de parfois forcer les traits, de se différencier. Être un individu à part entière dans un monde où les autres les identifient parfois comme déviants.

Qu’est ce qui importe le plus? La perception que nous avons de nous même ou le besoin d’être acceptés et embrassés tels que nous nous percevons par les autres. Les deux ne vont-ils pas de paire?  

La biologie telle qu’on l’apprend à l’école est ici tiraillée. Lorsqu’une femme transsexuelle est triste de ne pas être mère parce que son conjoint, un homme transsexuel a perdu le bébé, c’est ma perception et ma logique qui sont soudain bousculées. Mais rapidement, lorsque j’observe ce couple amoureux, tous mes questionnements disparaissent. Je suis face à deux personnes heureuses d’être ensemble. Lorsqu’un homme transsexuel me dit désirer un jour porter un enfant, je m’interroge sur le choix, sur la binarité, sur ma conception de « un utérus = une femme », sur l’évolution de la façon de penser que cela peut induire dans notre société. La physiologie est là : une femme transsexuelle va très certainement gagner la course contre des femmes, même coureuses de haut niveau. Une femme transsexuelle n’ayant pas fait de transition sexuelle peut être vécue comme un danger dans des toilettes partagées par des femmes cis. Quelle place doit prendre chacun? Comment chacun doit et peut s’intégrer? 

Chez tous ces transsexuels que j’ai rencontrés à Rio, ce qui m’a le plus touchée, c’est la vulnérabilité, parfois le sentiment de solitude mais surtout de force qui se dégageaient d’eux. Qu’ils soient activistes, marginaux, insérés socialement, ou impliqués dans l’aide sociale, ces personnes ont franchi cette ligne de visibilité qui les rend inacceptables ou difficilement acceptables pour la société brésilienne. Cette société très croyante où ils sont perçus comme des démons, rejetés, voire bannis.

Elles s’habillent de façon féminines, ils s’habillent en hommes, prennent pour certaines des hormones, et ont parfois passé le cap des seins de silicone ou de la mastectomie. En revanche aucun n’a franchi le pas de la transition génitale. Que leurs raisons soient économiques ou idéologiques, ils et elles revendiquent et assument leur identité.

L’occupation de l’espace dans la société par les LGBT entraîne des frictions. Cette résistance vient d’une zone d’opposition qui questionne la légitimité du choix d’assumer sa « différence ». Une partie de la société affirme que les transsexuels sont des monstres hors de toute norme. Elle veut nier et taire la différence, différence de son ressenti, différence de sa perception propre. « Je suis né dans un corps qui ne correspond pas à ce que je ressens et à ce que je sens » disent-ils, quand la société leur répond « Tu n’es qu’une pédale travestie bonne à te prostituer ». 

Aller à la rencontre de transsexuelles, et leur donner la parole, est mon chemin pour comprendre, me questionner, mais aussi ouvrir la discussion d’une façon plus large « qu’est ce qui rend la différence inacceptable aux yeux de certains? ». Parce que je pense qu’entendre l’autre représente le premier pas vers la compréhension et l’acceptation. 

Le brésil est un pays de contradictions. La religion au Brésil (65% des brésiliens se définissant comme catholiques, protestants, évangélistes, cultes candomblé, spiritisme d’Alan Kardec,…), s'est mêlée au politique avec l’élection de Bolsonaro, dont le penchant pour les Eglises pentecôtistes ultraconservatrices est à peine caché. L’image des meurs libérés que nous avons du Brésil n’est qu’une façade. Si les drapeaux LGBT se dressent sur la plage d’Ipanema entre le posto 9 et Arpoador, l’homophobie et la transphobie sont profondément ancrées dans l’esprit des brésiliens. Au même titre, ce pays de fort métissage (au nord une population plus noire due à l’arrivée des esclaves dans le Nord d’Este et au sud très blanc dû aux migrations allemandes au XIXè siècle, les portugais vers Rio de Janeiro au milieu du XIXè siècle, les japonais début 1900…) est en proie au racisme systémique. 

Dans ce pays où sont commis le plus de crimes contre les transsexuels, nous retrouvons le plus grand nombre de consommateur au monde de pornographie impliquant des travestis (89% de plus que la moyenne mondiale selon le site RedTube).

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